À l’occasion d’une collaboration inédite, les artistes Luise Schröder et Chedly Atallah croisent leurs pratiques autour des mémoires personnelles et collectives à travers le prisme de la matière : celle de la pierre. Si la pierre est symbole de longévité, de dureté, de solidité, elle est ici effritement d’histoires, témoin du passé et matière première d’une multitude d’avenirs. Les artistes observent les pierres comme les métaphores d’histoires qui s’amoncèlent dans un chantier continu. De phénomènes occasionnels à certains bouleversements majeurs, les mémoires s’entremêlent : destructions, rénovations, résistances, gentrifications, extensions de territoires fictifs et réels…
Invitée en résidence de recherche et de création aux Ateliers Médicis à l’occasion de l’exposition Regards du Grand Paris, Luise Schröder, artiste photographe, a invité à son tour Chedly Atallah, artiste et architecte. Le duo arpente les sols et sous-sols de Clichy-sous-Bois / Montfermeil et scrute les moindres indices pour creuser et retrouver les histoires intimes et collectives des luttes de pouvoir et de territoire – celles d’ici et celles d’ailleurs, venues de loin ou de la porte à côté, celles d’hier ou de demain, politiques ou amoureuses… Un récit cosmogonique apparaît, entre le régime de la preuve – les artistes regardent les pierres comme un scientifique dissèque un corps pour le faire parler – et celui du conte, de la fabulation ou, presque, de la « spéculation narrative ». Face aux violences du monde et à la mise à l’épreuve des existences ou de la vérité, les artistes inventent pour combler et rétablir, et peut-être aussi pour continuer d’explorer des nouvelles relations plus justes. Il s’agit pour lui et pour elle de réécrire l’histoire, pour que les luttes d’hier nous renforcent, face à celles qu’il reste encore à mener.
L’installation photographique Pierres sans répit est à retrouver sur le site du chantier de la gare du futur métro Clichy-Montfermeil (ligne 16), à proximité des Ateliers Médicis.